S’il fallait le défendre...
Pauvre garçon, Angel MATOS n’a d’abord pas à être stigmatisé au regard de sa nationalité. La délégation olympique cubaine a émis un communiqué laissant entendre qu’elle condamnait le coup de pied asséné à l’arbitre. De même, la presse cubaine a considéré que c’était un geste “ lamentable “.
Pauve entraîneur également. Le droit français comme le droit international du sport ne connaît pas la responsablité pénale collective. Autrement dit, chacun doit assumer les conséquences de ses actes, mais uniquement de ses propres actes. Or, à la vue de l’incident tel qe retransmis par la télévision, je doute fort que l’entraîneur d’Angel MATOS ait activement participé aux agissements délictuels de son compétiteur.
Toujours est-il que la procédure pénale qui pourrait être mise en oeuvre ne manquera pas de nous éclairer à ce sujet.
Sur la forme
Relevons d’abord que la déclaration faite urbi et orbi par la WTF aux media internationau, aux fins compréhensibles de marquer les esprits et faire sens, n’est pas juridiquement fondée.
En effet, la WTF n’a pas compétence, en l’état, de prendre telle ou telle sanction puisqu’en temps de Jeux Olympiques, la CIO est exclusivement compétente en ce domaine. C’est la Commission disciplinaire de la CIO qui fait une recommandation, à charge pour la Commission exécuitve d’entériner ou non.
De même, la WTF ne peut en son instance disciplinaire prononcer une sanction. Elle ne peut que suggérer une recommandation à la CIO, qui je le rappelle, est exclusivement compétente durant les JO.
Par ailleurs, les décisions de la CIO sont susceptibles de recours devant le TAS ( Tribunal Arbitral du Sport ) dont les statuts consacrent les droits fondamentaux de la défense à savoir le droit à être entendu, le droit à l'assistance juridique, le droit d'apporter des preuves et de présenter des témoins .
L’annonce faite par la WTF d’une culpabilité et d’une sanction d’exclusion à vie au cours d’un “ conseil de discipline extraordinaire “ apparait donc comme une décision non conforme aux procédures du droit international du sport et s’avère pour le moins, une déclaration intempestive de nature à mettre en cause les dispositions pertinentes des statuts de la CIO et du TAS.
A supposer les procédures validées, je ne me fais pas d’illusion sur la suite qui sera donnée aux a priori établis par les déclarations universellement émises via les média internationaux et qui ne peuvent que converger vers cette “ exclusion “ requise.
Mais, dans l’optique d”une défense formelle d’Angel MATOS, je considère que, même s’’il s’agit là d’une première dans l’histoire des J.O, il ne faut pas sacrifier le Droit à une situation exceptionnelle.
J'aurais même tendance à dire, pour l'avancée du Droit du sport universel, qu'il faut que les instances internationales se prononcent sur ce problème juridique.
Sur le fond
La règle relative au traitement des soins administrés aux compétiteurs blessés indique que le compétiteur blessé dispose d’une minute pour informer l’arbitre de sa possibilité de reprendre le combat.
Toutefois, l’arbitre dispose discrétionnairement de la faculté, à tout moment du combat, de décider de l’arrêt d’un décompte à rebours par le biais d’un shi gan. Ce qui fait redémarrer un nouveau décompte.
Or, l’arbitre du combat incriminé n’a pas fait usage de cette faculté alors que :
- plusieurs médecins avaient envahi l’aire de combat, aussi était il plus qu’opportun de les avertir du décompte de la minute impartie
- le compétiteur blessé n’avait aucun intérêt à laisser s’écouler la minute impartie puisqu’il menait aux scores ( 3-2 ) et qu’apparament ( à vérifier ), il ne lui restait que quelques secondes pour que le combat fût plié.
Par ailleurs, l’arbitre - qui est fonctionnellement un Juge, c’est-à-dire tenu d’un impérieux devoir d’impartialité - n’est pas exclusivement lié par le tableau électronique. Il peut, à tout instant, avertir tout intervenant sur l’aire de combat de l’écoulement du temps de pause.
Enfin, il appartenait à cette autorité arbitrale, au vu des conditions susvisées, de mettre l’un ou l’autre des combattants en mesure de connaître sa possibilité de poursuivre ou non le combat.
Autrement, sa qualité d’Arbitre ne se justifierait plus.
Contrairement à ce dont a, magistralement, fait preuve l’arbitre du combat entre la Taiwanaise Li-Wen Su et la Croate Martina Zubcic.
En effet, l’arbitre du combat Li Wen Su/Martina Zucic l’a, à plusieurs reprises, arrêté en raison de la blessure de la Taiwanaise et a averti cette dernière de la possibilité d’y mettre fin.
Dès lors, en l’espèce, par sa coupable abstention, disons plutôt - par magnanimité - du fait de son inconscience, le dénommé arbitre n’a pas préservé les chances d’Angel Matos de conserver son score.
Par voie de conséquence, on peut dire que ce combat n’a pas été arbitré de manière équitable.
De manière plus générale, l’arbitrage de ces 29è Olympiades n’est absolument pas exempte de tout reproche.
En Taekwondo, l'Américain Steven Lopez a écopé d'une sanction totalement injustifiée pour avoir levé le pied au moment où son advesaire l'attaquait.
Le hand féminin - dont je suis plutôt profane, même si mon fils a été champion de France universitaire - a été cloué au pilori lors du match France-Russie - gloire à Valérie Nicolas - arbitré par des Chinoises, qui, tout a priori national exclu, n’apparaissaient pas les plus recommandées à cette fonction.
La boxe - si j’en crois les commentaires d’experts comme Brahim Asloum et j’en suis sûr, ceux de mon copain toulousain, Champion d’Europe, Pierre Joly - était pointée du doigt à plusieurs reprises pour des indélicatesses dans le scoring des matches.
Alors, je veux bien que dans une déclaration finale empreinte de sentimalisme plus que d’objectivité, on vienne nous dire que le sport ne peut s’abstraire du jugement humain.
Je suis conscient, professionnellement ,de ce que les arbitres ne sont que des hommes et ne peuvent tout voir; que comparativement, les témoins de scènes de crimes n’ont pas une mémoire fidèle de ce qu’ils ont réellement constaté. Que, par conséquent, l‘erreur est humaine. je peux l’admettre. C’est même triste à dire.
Mais, de là à absoudre des arbitres - des Juges - du non-respect du principe d’égalité, c’est-à-dire préserver les chances de l’un Et de l’autre de Compétiteurs - il y a un pas que l’idéal olympique ne m’inciterait jamais à franchir.
In fine, mais là, la raison n’a peut-être rien à voir avec ce qui suit, de vous à moi, lorsque le but ultime que vous vous êtes assigné est à portée de main - une victoire, une fortune, une femme, un mari.. - que diriez-vous si, le temps d'un éclair, une illégitime décision ( ou ressentie comme tel ) de disqualification, un obscur “officiel “vous transforme en vipère ?
La vipère, avec ou sans raison, n’aurait vraisemblablement comme moyen de riposte que de piquer...
C’est ce qui s’est malheureusement passé dans la jeune tête de ce garçon d’Holguin ( province isolée de Cuba ). Autrement dit, un provincial. Quelqu’un qui n’est pas de la Havane. Un garçon pur jus qui a simplement pété les plombs ce Samedi 23 Aout 2008.
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